J’adore prendre le train.

Ce mode de transport possède un romantisme un peu désuet qu’aucun autre ne surpasse. L’idée de partir à l’aventure, d’un point A vers un point B, ou quelqu’un nous attend quelque part sur un autre quai.

Je prends le train depuis longtemps maintenant. Depuis fin 2007, le début de ma classe préparatoire.

J’ai beaucoup de souvenirs qui s’interchoquent dans mon esprit : la lecture savoureuse d’un roman de Jane Austen, les conversations aller-retour avec Thibault, un ami de prépa, natif de Blois comme moi. Ce soir où j’ai stationné pendant deux heures quelque part entre Paris et Blois -sans chauffage- à cause d’importante chutes de neige.

Mon fabuleux et aventureux aller-retour Paris-Venise en train couchette, avec moultes valises pour mon premier master.

Plus récemment il y a ce retour Bayonne-Paris en été 2022, en pleine canicule, où j’ai vu et senti les fumées noires des forêts de pin des Landes.

Chaque voyage est une aventure, aussi court qu’il soit.

J’aime l’idée de découvrir d’incroyables paysages défilant régulièrement sous mes yeux, comme lorsque j’ai relié Shanghai à Pekin en 2012 pour mon projet de mémoire. Il y avait quelques choses d’envoutant à découvrir ces sombres conifères dignes d’un modèle d’estampe et de rassurant de naviguer dans un moyen de transport connu.

J’ai ce malin plaisir à romantiser chaque trajet, en notant ces nouveaux détails lors d’un trajet familier ou en srcutant les formes inconnues d’un itinéraire inédit.

J’ai aimé cette facilité de visite en Vénétie, où au départ de Padoue et souvent en moins d’une heure de distance, une myriade de villes mythiques ; Venise, Vérone, Bologne et bien d’autres ( non visitées) étaient à portée d’un billet de train pour la journée.

J’ai aimé cette aller-retour pour Florence, chef d’oeuvre urbain, avec un groupe d'amis, lovés dans des compartiments, où nous découvrions peu à peu les couleurs chaudes de la Toscane.

J’aime les compartiments, ils font parties totalement de mon imaginaire construit par des scènes inoubliables de Harry Potter, le Crime de l’Orient Express, Anastasia, Darjeeling Limited et encore d’autres qui me reviendront certainement plus tard !

Il y a cet entre-soi défini par une porte coulissante et 6 ou 8 places (selon la classe où vous voyagez), et cette rencontre avec de parfaits inconnus où parfois la conversation s’engage ( certains y ont même fait des rencontres!). Il y a eu ce moment rassurant le jour où j’ai voyagé en train pour la première fois avec mon chat. J’ai eu la chance d’avoir des co-voyageurs compatissants et interessés, moi qui ai toujours une peur bleue de déranger.

Alors bien sûr il y a tout ces moments insupportables liés à la météo, aux enfants qui crient trop fort, aux pannes de chauffages ou climatisations, aux vandalismes divers...à l'absence de train tout court. Ils ont le don de me hérisser au plus au point.

Mais le plaisir de suivre les rails du regard, ces rails sures qui serpentent partout et très loin, reste intact : j’adore prendre le train.